Le laboratoire UMR,(Université de Lille et ENSAIT) qui compte près de 90 membres, explore toutes les nouvelles fonctions que le textile pourrait remplir à l’avenir. Organisé en trois pôles : Conception orientée vers l’humain ; Procédés et textiles multifonctionnels et mécaniques ; et Textiles composites, il associe ainsi un grand nombre de savoir-faire : depuis la conception de matières complexes jusqu’à l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement textile. « Nous sommes multidisciplinaires, c’est notre force », affirme Xianyi Zeng, directeur du laboratoire GEMTEX.
Les équipes travaillent, par exemple, sur des matériaux inédits et de nouvelles méthodes de production pour répondre aux besoins de personnalisation des vêtements. Le laboratoire s’appuie également sur les technologies du digital pour intégrer des capteurs dans les fibres et rendre ainsi le textile plus « intelligent ». « Le textile peut devenir un support d’énergie ou collecter de nouveaux signaux sur l’environnement, à la manière d’une “seconde peau” », ajoute Xianyi Zeng.
Le secteur voit aussi se dresser devant lui de nouveaux défis. L’importance croissante du développement durable exige des producteurs qu’ils apportent davantage d’informations sur l’origine de leurs produits et assurent la promotion du recyclage. « L’économie circulaire dans notre domaine demande d’optimiser la réutilisation des textiles. Nous butons encore sur ce point, car il reste difficile de recycler certains matériaux comme le polyester. Or 80 % de nos habits contiennent du polyester », rappelle Xianyi Zeng. Ces évolutions demandent de repenser les habitudes de production dès le stade de la fabrication, et d’intégrer les enjeux de l’industrie 4.0. « La digitalisation permet d’augmenter la traçabilité », poursuit le chercheur.
Les équipes peuvent aussi s’appuyer sur quatre plateformes technologiques pour produire et tester leurs prototypes. Le laboratoire dispose, entre autres, d’une plateforme digitale pour créer et ajuster des vêtements en ligne. Le GEMTEX possède également une plateforme pour intégrer des textiles rendus « intelligents » par l’ajout de capteurs. Enfin, il peut expérimenter différentes méthodes de production, grâce à une variété d’équipements et de machines à tisser de type Dornier. Ce penchant pour la recherche appliquée intéresse depuis des années les industriels souvent issus de filières très diverses, comme l’aéronautique, la santé, le sport ou la mode.
Le laboratoire a, par exemple, mené un projet européen avec plusieurs entreprises, dont Bivolino, Beste, Azadora et Kuvera. Le programme baptisé FBD_BModel a porté sur la création d’une plateforme B2C réunissant tous les acteurs de la chaîne de conception et de fabrication d’un vêtement : designers, producteurs et fournisseurs de matière première, industriels du fil et de la confection. Une solution qui assure la traçabilité du produit et sa personnalisation : « Nous avons même imaginé que le client s’implique dans le processus de création », indique Xianyi Zeng.